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Autopsie d’un football à l’agonie – 6/8 – Financement

VI. Financement du Football : Un Modèle à Repenser

    Le football tunisien, malgré son riche passé et son potentiel immense, est confronté à des difficultés financières récurrentes qui freinent son développement et sa compétitivité. Les clubs, souvent en proie à des problèmes de trésorerie, peinent à investir dans les joueurs, les infrastructures et la formation, limitant ainsi leur capacité à rivaliser avec les clubs étrangers et à produire des joueurs de haut niveau. Cette situation est due à un manque de professionnalisme dans la gestion financière, à un manque de stratégies marketing efficaces et à un manque d’attractivité du football tunisien sur la scène internationale.

    La gestion des comptes est souvent opaque, les dépenses sont souvent incontrôlées et les audits sont souvent absents et la communication avec les supporters est souvent limitée.

    En termes de sponsoring, les entreprises tunisiennes ne s’investissent pas suffisamment dans le parrainage du football. Le manque de professionnalisme dans la gestion des clubs, la faible visibilité du football tunisien localement et à l’international ainsi que la perception d’un manque de retour sur investissement dissuadent les sponsors potentiels. Seul le « BIG 4 » tire son épingle du jeu, et encore.

    Pour ce qui est des droits TV, ils sont faibles et mal négociés. Le manque de professionnalisme dans la négociation des contrats TV par la FTF est désastreux pour la santé financière du football tunisien. La diffusion des matchs sur les pages Facebook est calamiteuse pour la valeur marchande du championnat. Ces droits TV sont censés être la première source de revenus pour les clubs professionnels avec une quote-part à réserver pour soutenir le football amateur. L’échec de la fédération dans ce dossier sur ces 15 dernières années est dramatique.

    La situation doit absolument changer et faire de la LP1 voire de la LP2 un spectacle attractif. Pour cela, il faut mettre les moyens dans la qualité de la diffusion, dans l’attractivité du championnat en attirant des joueurs de haut niveau, dans la qualité des terrains et des stades pour que le spectacle soit au rendez-vous et enfin dans les gradins pour que le public soit nombreux et festif. La fédération doit œuvrer pour enlever les limitations des jauges dans les stades et faire revenir le public en masse. Les autorités doivent être capables de gérer des matchs avec des supporters des deux équipes et des stades pleins. C’est à la fois bénéfique pour la revente des droits TV, mais aussi et surtout pour les recettes billetterie, autre source importante de revenus pour les clubs.

    Sur un autre plan et dans un pays où la contrefaçon est un mode de vie, il est difficile pour les clubs de vivre de la vente des produits dérivés. Celle-ci reste limitée alors que dans d’autres pays, c’est une manne financière importante. Le rôle de la fédération est de créer un terrain favorable à cette commercialisation en appelant les pouvoirs publics à normaliser et protéger la vente de ces produits et mettre les moyens dans les contrôles pour que les clubs puissent en vivre.

    Le changement de statut des clubs que nous prônons est un des moyens les plus efficaces pour résoudre cette difficile équation. La hausse du marché mondial du football ne permet plus d’avoir un Président capable d’injecter des millions de dinars sans un retour sur investissement et sans une responsabilité fortement engagée. L’absence des rapports financiers fiables et auditables laissent toujours planer le doute sur les réels moyens injectés par ces présidents et qui très souvent se retrouvent incapables de s’aligner sur le marché mondial à moins d’endetter fortement le club ou de ne plus respecter les engagements contractuels et advienne que pourra. Ce sont les suivants ou les supporters qui vont payer les pots cassés, d’où les sanctions qui pleuvent de la FIFA sur le terrain du football tunisien.

    Bien que chaque club doive gérer son propre financement, il est important pour la fédération, organe garant du bon fonctionnement du football, de favoriser la bonne santé financière et d’investir massivement dans le football amateur. Nous pensons qu’un certain nombre d’actions sont nécessaires pour relever le défi de rester compétitif sur l’échiquier continental et mondial. Outre ce qui avait déjà été listé dans le chapitre gouvernance, ces actions sont :

    • Faire revenir le Public :
      • Négocier avec l’état pour faire revenir le public à la capacité maximale des stades. La FTF doit s’appuyer sur le ministère des Sports pour que le ministère de l’Intérieur autorise de nouveau le public adverse et assure la sécurité des matchs à hauteur de la jauge totale des gradins.
      • Digitaliser la totalité de la billetterie des clubs professionnels pour garantir la sécurité et la possibilité des sanctions en cas de débordements, évitant ainsi les décisions drastiques de réduction de jauges.
    • Renforcer la Négociation des Droits TV :
      • Nommer un responsable hautement qualifié dans les négociations des droits TV au sein de la LNFP.
    • Promouvoir le Sponsoring et les Partenariats :
      • Encourager les partenariats avec des entreprises locales et internationales pour le sponsoring des équipes, des compétitions et des infrastructures. Négocier avec l’état des avantages fiscaux pour les sponsors.
      • Parrainer le développement de la billetterie, les stratégies marketing et l’hospitalité événementielle à destination des clubs.
    • Lutter contre la Contrefaçon :
      • Signer un protocole de protection des produits dérivés avec le ministère du Commerce qui garantit un contrôle accru et des sanctions financières pour les contrevenants.
    • Renforcer la Transparence et le Contrôle :
      • Mettre en place des mécanismes de suivi et de contrôle stricts pour garantir une utilisation efficace et transparente des ressources financières.

    Conclusion :

    Le football tunisien a besoin d’un modèle de financement durable et transparent pour assurer sa croissance et sa compétitivité. En adoptant des mesures pour améliorer la gestion financière des clubs, en encourageant les investissements et les sponsors, en renforçant la négociation des droits TV et en luttant contre la contrefaçon, la Tunisie peut créer un environnement propice au développement d’un football plus attractif et plus prospère.

    Majed

    Passionné de football depuis mon jeune age, je suivais mes deux équipes favorites, l'Espérance Sportive de Zarzis et le Club Africain que j'ai découvert à l'époque des Lotfi Mhaissi, Hédi Bayari, Kamel Chebli et Lassaad Abdelli. J'ai réellement rejoint Internet en 1994 en étant à l'ENSAM pour ensuite gérer le forum du CA en 1996 puis plusieurs sites personnels dédiés au CA et à l'ESZ. J'ai fondé Tunisie-Foot.com en 1998 au travers d'un site traitant du football tunisien qui aura son nom de domaine et son serveur dédié en 2000.

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