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[FTF] : Une occasion manquée de réformer le football tunisien !

L’élection de Moez Nasri à la présidence de la Fédération Tunisienne de Football le 25 janvier 2025, a suscité une vague de critiques acerbes au sein de la scène sportive et même politique tunisienne. Bien que présenté comme un nouveau départ, ce scrutin a plutôt révélé une profonde incapacité collective à rompre avec les pratiques néfastes du passé, laissant planer le spectre de l’ancien président, Wadii Jary, actuellement incarcéré pour corruption. L’élection de Nasri, membre de l’ancien bureau directeur de Jary, aux côtés de son vice-président Hussein Jenayeh, également issu de ce même bureau, symbolise, pour beaucoup, une occasion historique manquée de réformer en profondeur un football tunisien en pleine déliquescence.

L’argument principal des détracteurs réside dans la continuité d’un système qui a conduit le football tunisien à un état de dégradation avancé. Pendant des années, la gouvernance de la FTF a été marquée par l’opacité, le népotisme et la corruption, culminant avec l’incarcération de Wadii Jary. L’élection de Nasri et Jenayeh, figures emblématiques de cette ère, est perçue comme un camouflet pour tous ceux qui espéraient un véritable changement. Leur présence au sein du nouveau bureau directeur laisse entrevoir la persistance de pratiques douteuses et la perpétuation d’un système incompétent et défaillant.

La controverse s’est accentuée avec le rejet des candidatures de Zied Tlemçani et Jalel Ben Tekaya, le 30 avril 2024, par la Commission nationale d’appel présidée par Moez Nasri lui-même. Cette décision, jugée arbitraire et politique par de nombreux observateurs, a alimenté les soupçons de favoritisme et de manipulation du processus électoral. L’absence de transparence et la suspicion de partialité ont entaché la légitimité du scrutin et renforcé le sentiment d’une victoire acquise par la manœuvre plutôt que par le mérite.

Les critiques ne se limitent pas à des accusations de manipulation. Elles pointent du doigt l’état alarmant du football tunisien sur tous les fronts. Le championnat national, autrefois fierté de l’Afrique, a chuté au 5ème ou 6ème rang continental. Cette dégringolade reflète l’échec généralisé du système précédent sur plusieurs plans :

  • Gouvernance défaillante : L’opacité, le manque de professionnalisme et la corruption ont érodé la confiance des acteurs et des supporters. La gestion des ressources financières reste opaque, alimentant les suspicions de détournement de fonds. La FTF est passée en un an d’un excédent de 22 millions de dinars à un déficit de -5 millions de dinars.
  • Infrastructures dégradées : Les stades tunisiens sont souvent dans un état de vétusté avancé, ne répondant plus aux normes internationales. Le manque d’investissement dans les infrastructures freine le développement du football à tous les niveaux.
  • Équipe nationale en berne : Les performances de l’équipe nationale ont déçu ces dernières années, reflétant le manque de cohérence et de vision à long terme dans la formation des joueurs et le choix de l’encadrement. Le manque de résultats internationaux ternit l’image du football tunisien.
  • Problèmes de financement : Le manque de sponsors et de ressources financières pénalise les clubs, qui peinent à attirer les meilleurs joueurs et à investir dans leurs infrastructures. L’absence d’une stratégie de développement économique durable handicape le football tunisien.
  • Formation déficiente : Les centres de formation manquent de moyens et de compétences, produisant moins de joueurs de haut niveau. La formation des jeunes est un maillon faible du système, impactant les performances des équipes nationales.
  • Arbitrage controversé : Les erreurs d’arbitrage fréquentes et les suspicions de corruption minent la crédibilité du championnat et engendrent des tensions entre les clubs. La formation et la supervision des arbitres nécessitent une réforme urgente.
  • Championnat en déclin : Le championnat tunisien, autrefois dominant en Afrique, a perdu son lustre. La baisse de niveau et le manque d’attractivité nuisent à son image et à sa compétitivité.

L’élection de Moez Nasri et de son équipe représente donc un échec collectif. Les clubs, appelés à voter pour l’avenir du football tunisien, ont préféré la continuité à la rupture, la médiocrité à l’innovation. Ils ont choisi de maintenir un système défaillant, au lieu d’opter pour un changement radical qui aurait pu relancer le football tunisien sur la voie du progrès. Le poids de l’héritage de Wadii Jary, et le manque de courage des acteurs du football tunisien et en particulier les clubs de l’élite qui ont massivement voté pour la continuité du système, laissent présager un avenir sombre pour ce sport pourtant si populaire en Tunisie. La tâche de redresser la barre sera immense, et le doute plane quant à la capacité de l’actuelle direction à accomplir cette mission. L’espoir d’une véritable réforme semble, pour l’instant, s’éloigner.

Majed

Passionné de football depuis mon jeune age, je suivais mes deux équipes favorites, l'Espérance Sportive de Zarzis et le Club Africain que j'ai découvert à l'époque des Lotfi Mhaissi, Hédi Bayari, Kamel Chebli et Lassaad Abdelli. J'ai réellement rejoint Internet en 1994 en étant à l'ENSAM pour ensuite gérer le forum du CA en 1996 puis plusieurs sites personnels dédiés au CA et à l'ESZ. J'ai fondé Tunisie-Foot.com en 1998 au travers d'un site traitant du football tunisien qui aura son nom de domaine et son serveur dédié en 2000.

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